Les dérives d’une application montante : Vinted face à la surconsommation
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Les dernières déclarations plus qu’inquiétantes du président Donald Trump, notamment concernant la crise climatique, sont représentatives de la montée du climato-scepticisme que connaissent les États-Unis ces dernières années. Par conséquent, on peut légitimement affirmer que les émissions de gaz à effet de serre du deuxième plus gros émetteur mondial ne risquent pas de diminuer dans les prochaines années. Ainsi, comment compenser à notre échelle le désastre environnemental qui se prépare ? Il existe des petits gestes du quotidien que nous connaissons toustes, tels que trier ses déchets, éviter de prendre l’avion, mais aussi favoriser la seconde main. Ce dernier outil de lutte climatique s’est largement répandu ces dix dernières années. En effet, même si la fast fashion persiste, les consommateur·ices se questionnent davantage sur les conditions de travail des ouvrier·es, mais aussi sur l’impact environnemental de l’industrie. Cette nouvelle conception de la consommation a fait émerger de nouvelles alternatives comme l’achat d’occasion. Une application a particulièrement su exploiter cette tendance. Vinted est en effet la plateforme de revente en vogue aujourd’hui.
Vinted : un succès grandissant

Depuis sa création en 2008, elle ne cesse d’accroître son influence dans le monde et plus particulièrement en France. En effet, parmi les 50 millions d’utilisateur·ices de l’application, 16 millions d’entre eux sont français·es. Cette influence remarquable s’explique notamment par un recours massif aux campagnes publicitaires à travers les réseaux sociaux, mais aussi par une prise de conscience collective de l’impact écologique de l’industrie du textile. Cette application a donc pour objectif de répondre aux nouvelles attentes plus écologiques des consommateur·ices. La revente de vêtements d’occasion est en effet une bonne démarche pour réduire les déchets, mais aussi l’empreinte carbone de l’industrie. Cependant, avec 2,2 transactions faites chaque seconde, Vinted est-elle vraiment la solution ?
La surconsommation, un problème persistant

Laissons de côté l’impact écologique des campagnes publicitaires pour nous concentrer sur l’influence de la plateforme vis-à-vis de la surconsommation. Les achats d’occasion sont, pour certain·es, un moyen de faire des économies, mais aussi de réduire leur impact climatique. Certes, Vinted a su répondre au premier objectif, avec un large panel de produits à des prix défiant toute concurrence. Cependant, le second objectif peut être sérieusement remis en question. À travers cette application, les consommateur·ices ont trouvé un moyen efficace de revendre leurs vêtements, peu importe leur provenance. Par conséquent, Vinted met à mal un des principaux combats contre la surconsommation, la lutte contre la fast fashion. Les consommateur·ices continuent d’acheter dans ces enseignes, avec en bonus la certitude qu’iels pourront revendre facilement leurs emplettes. Cette revente est d’ailleurs devenue un moyen facile de s’enrichir pour de nombreux utilisateur·ices, qui se sont aussi parfois professionnalisé·es dans le domaine. Si on jette un coup d’œil aux campagnes publicitaires récentes de l’application, l’argument principal mis en avant est la possibilité de gagner de l’argent à travers les transactions. La surconsommation n’est donc pas limitée par cette plateforme, pire, elle est renforcée. Il ne s’agit plus d’un moyen de consommer éthiquement, mais plutôt de renouveler continuellement sa garde-robe à bas coût et de s’enrichir. Ces ventes en flux constant font l’objet d’une quantité considérable d’échanges de colis avec les dépenses en carbone qui en découlent. L’application a notamment livré plus de 400 000 colis au mois de décembre 2023. Les consommateur·ices ne se déplacent plus au magasin du coin de la rue, leur dressing traverse la France, voire l’Europe, pour venir jusqu’à eux. Un simple gilet peut faire des centaines de kilomètres pour parvenir à son·a destinataire. Nous pouvons ajouter à tous ces déboires écologiques la pollution numérique de cette application. Vinted est devenu un réseau social, avec les notifications excessives et les échanges incessants qui en résultent. Beaucoup de consommateur·ices utilisent l’application comme un divertissement. Dès qu’iels ont un moment, iels jettent un œil sur le feed séduisant que leur propose l’application.
Vinted : une application à boycotter ?

Par conséquent, Vinted est-elle une énième application à boycotter ? Cette application est un bon point de départ pour évoluer vers une réduction de la surconsommation et des déchets. Cependant, comme pour tous les commerces, il s’agit d’adapter son comportement pour garantir son intérêt écologique. Limiter sa consommation s’applique aussi aux achats sur Vinted, même s’iels sont peu coûteux. Par conséquent, faire une commande de temps en temps n’efface pas tous vos efforts écologiques. Cependant, il est préférable d’acheter des produits issus de marques éthiques plutôt que des vêtements de la fast fashion, même d’occasion. Réduire le nombre de commandes est évidemment préférable pour limiter sa consommation, mais aussi l’empreinte carbone des colis. Il est aussi possible d’acheter des vêtements qui proviennent de vendeur·euses à proximité de chez vous afin de réduire les kilomètres du colis, mais aussi de peut-être même le récupérer en main propre. Pour accéder aux vendeur·euses à proximité, il faut ajouter votre ville à votre recherche, car il n’existe pas de filtre dédié à cette fonctionnalité sur l’application, ce qui est d’ailleurs regrettable pour une application à intention écologique. Enfin, il est aussi possible de se passer de cette application en favorisant les prêts mais aussi les trocs entre voisin·es, ou encore les friperies et ressourceries qui sont de bonnes alternatives pour une consommation plus écologique.